S'abonner

Trouble dysphorique prémenstruel : prises en charge médicamenteuses et psychothérapeutiques, une revue de littérature - 30/03/24

Premenstrual dysphoric disorder (PMDD): Drug and psychotherapeutique management, a literature review

Doi : 10.1016/j.encep.2023.08.007 
Hélène Marais-Thomas a, , Frédéric Chapelle b, Véronique de Vaux-Boitouzet c, Cyrille Bouvet a
a UR ClipsyD, université de Paris-Nanterre, ED-139, 200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France 
b Centre de thérapies comportementales ou cognitives, 8, rue Joseph-Bosc, 31000 Toulouse, France 
c 61, boulevard Carnot, 78110 Le Vésinet, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) est reconnu pour la première fois en juillet 2013 dans le DSM-5 après un long parcours pour identifier son existence. Ce n’est qu’en 1983 que l’institut national de la santé mentale américaine détermine des critères de recherche pour l’étude sur le syndrome prémenstruel. En 1994, Le terme « trouble dysphorique prémenstruel » (TDPM) remplace ce terme dans la quatrième édition du Diagnostic System Manuel (DSM), il est inscrit dans la section « Trouble de l’humeur non spécifié » et restera à l’étude jusqu’au DSM-5, dans lequel il apparaîtra dans la section des troubles dépressifs. La légitimation du diagnostic psychiatrique ainsi que la détermination de critères de symptomatologie clairs en 2013 ouvrent sur des possibilités de prises en charge, de développement des études cliniques, physiopathologiques, thérapeutiques et psychothérapeutiques. Ce trouble invalidant peut retentir sur la vie personnelle, sociale, familiale et professionnelle. En 2019, la CIM-11 fait apparaître à son tour le diagnostic de trouble dysphorique prémenstruel, ce qui solidifie la reconnaissance du trouble.

Objectif

(I) faire le point sur les traitements existants, médicamenteux et psychothérapeutiques, ainsi que (II) faire le point sur leur efficacité. À l’issue de ce travail nous formulerons des recommandations pour les prises en charge de ces patientes.

Méthodologie

Une recherche bibliographique a été effectuée du 7 juin 2021 au 7 juillet 2021 sur les bases de données Psychinfo APA, Scopus, PubMed, ainsi que les bases de données de l’organisation Cochrane et les documents de recommandations de la Haute Autorité de la santé. Après une première sélection à partir de mots-clés, une lecture du texte intégral de l’ensemble a été effectuée pour arriver à la sélection finale de 32 articles.

Résultats

Les antidépresseurs et les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) apparaissent comme les traitements majoritairement recommandés dans la prise en charge du TDPM. D’autres recherches montrent l’efficacité des contraceptifs oraux comprenant de la drospirénone. On identifie les inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS) comme étant un traitement efficace du TDPM. Ces données vont dans le sens de l’hypothèse étiologique actuelle du TDPM qui est un impact négatif des fluctuations hormonales naturelles sur certains neurotransmetteurs. Les TCC montrent des résultats positifs pour réduire l’impact fonctionnel du TDPM.

Discussion

Les antidépresseurs de type inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) seraient les traitements de première intention du TDPM (sertraline 50–150 mg/j, la fluoxétine 10–20 mg/j, l’escitalopram 10–20 mg/j, la paroxétine 12,5–25 mg par jour/j). La drospirénone (EE 3 mg et EE 20 mg/j 24jours de pilules hormonales, 4jours inactifs) apparaît comme un traitement de première intention ou de deuxième intention en fonction des articles. Les résultats actuels vont clairement dans le sens d’une efficacité de la TCC pour contribuer à réduire : l’atteinte fonctionnelle, l’humeur dépressive, le sentiment de désespoir, l’anxiété, les sauts d’humeur, la sensibilité, l’irritabilité, l’insomnie, les conflits avec les autres, l’impact des symptômes prémenstruels sur la vie quotidienne, l’intensité des symptômes ressentis et le handicap des symptômes. Les TCC pourraient également apparaître dans les traitements de première intention si les preuves de leur efficacité étaient plus nombreuses. Dans l’avenir, il semble utile de proposer une prise en charge psychothérapique qui puisse être reproductible et de multiplier les recherches d’un haut niveau de comparabilité scientifique afin de clarifier la place des TCC dans la prise en charge du TDPM. Les recherches sur l’étiopathologie du trouble et le schéma thérapeutique médicamenteux optimal sont encore en cours. Il est nécessaire de développer des techniques psychothérapeutiques adaptées afin de soutenir et d’accompagner ces patientes.

Conclusion

Pour permettre une meilleure évaluation des traitements du TDPM, l’homogénéisation des études sur le sujet est nécessaire à plusieurs niveaux : design, doses de traitements, techniques psychothérapeutiques, et mesures d’évaluation. À l’heure actuelle, certaines études portent à la fois sur des patientes qui souffrent de syndrome prémenstruel (SPM) et sur des patientes qui souffrent de TDPM. Le SPM et le TDPM n’incluent pas les mêmes symptômes, ni la même sévérité et potentiellement pas la même étiologie chez les patientes étudiées. Afin de proposer des recherches rigoureuses qui évaluent l’efficacité des traitements sur le TDPM et d’accompagner correctement les personnes atteintes de ces troubles, il semble essentiel de bien distinguer les deux pathologies. Le rôle du praticien de santé est de savoir identifier le TDPM en le différenciant d’autres troubles cliniquement proches. La patiente doit ensuite être accompagnée pour faire un choix de traitement adapté en fonction des symptômes, de leur sévérité, des antécédents, de ses projets de procréation, des contre-indications et de ses préférences. En 2021, la Haute Autorité de la Santé ne propose aucun guide ou recommandation pour la gestion du trouble dysphorique prémenstruel. Il est nécessaire de développer les recherches en France.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Introduction

Premenstrual Dysphoric Disorder (PMDD) was first recognised in July 2013 in the DSM-5 after a long journey to identify its existence. It was not until 1983 that the US National Institute of Mental Health determined research criteria for the study of PMS. In 1994, the term “premenstrual dysphoric disorder” (PMDD) replaced this term in the 4th edition of the Diagnostic System Manual (DSM). It was listed in the section “Mood Disorder Not Otherwise Specified” and remained under consideration until the DSM-5, in which it appeared in the depressive disorders section. The legitimisation of the psychiatric diagnosis as well as the determination of clear symptomatology criteria in 2013 opened up possibilities for management, development of clinical, pathophysiological, therapeutic and psychotherapeutic studies. This disabling disorder can affect personal, social, family and professional life. In 2019, the ICD-11 in turn introduced the diagnosis of premenstrual dysphoric disorder, which solidifies the recognition of the disorder.

Objective

(I) to review the existing treatments, both medicinal and psychotherapeutic, and (II) to review their effectiveness. At the end of this work we will formulate recommendations for the management of these patients.

Methodology

A bibliographic search was carried out from 7 June 2021 to 7 July2021 on the databases (bases de données) Psychinfo APA, Scopus, PubMed, as well as the bases de données of the Cochrane organisation and the recommendation documents of the Haute Autorité de la santé. After an initial selection based on keywords, the full text of all articles were read to arrive at the final selection of 32 articles.

Results

Antidepressants and Cognitive Behavioural Therapies (CBT) appear to be the most commonly recommended treatments for PMDD. Other research shows the effectiveness of oral contraceptives including drospirenone. Selective serotonin reuptake inhibitors (SSRIs) were identified as an effective treatment for PMDD. These data are consistent with the current etiological hypothesis of PMDD which has a negative impact of natural hormonal fluctuations on certain neurotransmitters. CBT showed positive results in reducing the functional impact of PMDD.

Discussion

Selective serotonin reuptake inhibitor (SSRI) antidepressants were reported to be first-line treatments for PMDD (sertraline 50–150 mg/d, fluoxetine 10–20 mg/d, escitalopram 10–20 mg/d, paroxetine 12.5–25 mg/d). Drospirenone (EE 3 mg and EE 20 mg/d 24 days of hormonal pills, 4 days inactive) appears to have been a first or second line treatment depending on the articles. Current results clearly point to the effectiveness of CBT in helping to reduce: functional impairment, depressed mood, feelings of hopelessness, anxiety, mood swings, sensitivity, irritability, insomnia, conflict with others, impact of premenstrual symptoms on daily life, intensity of symptoms experienced, and symptom handicap. CBTs could also become a first-line treatment if there were to be more evidence of their effectiveness. In the future, it would seem useful to offer a psychotherapeutic treatment that can be reproduced and to multiply research with a high level of scientific comparability in order to clarify the place of CBT in the management of PMDD. Research on the etiopathology of the disorder and the optimal drug regimen is still ongoing. There is a need to develop appropriate psychotherapeutic techniques to support and accompany these patients.

Conclusion

In order to better evaluate treatments for PMDD, there is a need to homogenise studies on the subject at several levels: design, treatment doses, psychotherapeutic techniques, and evaluation measures. At present, some studies include both premenstrual syndrome (PMS) and PMDD patients. PMS and PMDD do not include the same symptoms, nor the same severity and potentially the same aetiology in the patients studied. In order to propose rigorous research that evaluates the effectiveness of treatments for PMDD and to properly support people with both these disorders, it seems essential to distinguish the two conditions. The role of the health practitioner is to be able to identify PMDD by differentiating it from other clinically related disorders. The patient must then be accompanied to make a choice of treatment adapted to her symptoms, their severity, her history, her plans for procreation, contraindications and her preferences. In 2021, the French National Authority for Health did not offer any guidelines or recommendations for the management of premenstrual dysphoric disorder. There is a need to develop research in France.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Trouble dysphorique prémenstruel, Diagnostic, Traitement, Thérapie cognitive et comportementale, Antidépresseurs

Keywords : Premenstrual dysphoric disorder, Treatment, Cognitive and behavioural therapy, Therapy, Antidepressant, Diagnostic


Plan


© 2023  L'Encéphale, Paris. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 50 - N° 2

P. 211-232 - avril 2024 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Humor in autism spectrum disorders: A systematic review
  • Boris Mention, Frederic Pourre, Julie Andanson
| Article suivant Article suivant
  • Empathy in medicine: A ritualistic healing function?
  • Marion Hendrickx, Patrick Hautecoeur, Emmanuel Drouin

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.